Dans un style « Gustave Eiffel » pour trois fois rien…

Intro

J’ai toujours passé beaucoup (trop) de temps derrière un écran à faire des trucs de geek. Or, depuis que j’ai emménagé dans mon nouvel appartement, à part avoir acheté et monté des meubles Ikea, je n’ai jamais vraiment pris le temps d’aménager mon espace bureau. Vu que ces derniers mois ont été chargés (à cause de la formation) et que j’ai accumulé du matériel informatique, cela devient rapidement le bazar et il fallait améliorer l’ergonomie de tout ça. Un des points à traiter : le réhausseur d’écran.

À la recherche de la perle rare

Concrètement, au vu de mon bureau actuel, il était primordial d’avoir un vrai réhausseur. Actuellement, ce sont juste deux bouquins, ce n’est pas top.

Un réhausseur me permettrait de glisser des choses sous l’écran, de gagner de la place et de la praticité. Or, j’ai un petit bureau et je cherchais donc des dimensions spécifiques pour ne pas sacrifier de l’espace, et pouvoir enjamber ma carte son… Et avec de telles contraintes, je n’ai jamais réussi à trouver un réhausseur qui me convenait…
Mais comme dit l’adage : « On n’est jamais mieux servi que par soi-même »

Sur mesure

On va alors en construire un ! Et avant de le construire, on va réfléchir un peu ! J’ai une imprimante 3D… Il y a peut-être moyen de faire quelque chose ! Un petit tour sur Thingiverse. Et on peut bien sûr imprimer tout le réhausseur en un morceau si on a une grosse imprimante, ou en deux morceaux à assembler. Mais je craignais un peu niveau solidité et niveau praticité d’impression et d’assemblage. Mais j’ai remarqué certains designs intéressants sur Thingiverse. Combiner deux montants verticaux imprimés en PLA avec une planche ! Un peu dans cette idée-là :

Sauf qu’encore une fois, les éléments n’étaient pas forcément aux dimensions que je désirais. Alors soit on récupère le fichier 3D sur Thingiverse et on essaye de le bidouiller pour le modifier aux bonnes dimensions. Soit… on dessine notre propre design, avec notre propre conception ! Hé ! Ce n’est pas comme si j’étais dessinateur industriel dans une autre vie…

On shape !

Le dessin industriel et la modélisation 3D, c’était mon métier. Je connais donc bien les AutoCAD, Solidworks et autres Inventor… Malheureusement, tout ça tourne sur Windows, et je suis un Linux-addict depuis plusieurs années… J’ai bien essayé FreeCAD mais il est (à mon sens) pas au point en termes d’interface utilisateur même si certains arrivent à faire des trucs de dingue avec. J’ai exploré différentes solutions mais ce n’est pas assez poussé, ou pas compatible Linux, ou payant… Jusqu’à ce que je découvre Onshape !

Onshape est une web app qui permet de faire de la modélisation 3D paramétrique (à l’instar d’un Solidworks ou d’un Inventor) directement depuis son navigateur ! Et on peut en profiter gratuitement ou payer pour des options supplémentaires !

Le plus gros défaut de la version gratuite vient du fait que tout ce qu’on modélise dans le logiciel est accessible par tout le monde. Mais bon, je ne modélise pas des pièces brevetées secrets défense donc ça ne me dérange pas plus que ça.

Je pourrais vous faire un article complet sur Onshape et vous expliquer dans le détail comment ça fonctionne, ce n’est pas le but ici et je vais surtout parler de la conception en général.

Version 1 « Triangle »

Et voilà à quoi ressemblait la V1 !

Pas mal non ? C’est français !

Comment j’ai fait ? Et bien dans les grandes lignes, j’ai d’abord estimé les dimensions nécessaires pour la planche. Ensuite, j’ai modélisé des montants verticaux adaptés à ces dimensions. L’idée est que la planche s’insère dans le support vertical. Pour éviter les jeux excessifs et que ça tremble de partout, j’ai conçu la fente de manière que l’entrée soit plus large que le fond, créant ainsi une forme conique. Cela permet de coincer la planche de plus en plus fermement à mesure qu’on l’enfonce.
Bon, une petite coupe pour expliquer ça :

J’ai évidé un peu la structure avec des triangles pour gagner en temps d’impression et en quantité de plastique, mais j’arrivais quand même à une vingtaine d’heures d’impression. J’ai donc choisi d’évider encore plus la structure pour arriver à la V2.

Version 2 « Eiffel »

J’ai d’abord voulu modéliser une arche pour économiser du plastique, mais juste une arche avec le reste de la forme en « plein » je trouvais ça pas trop esthétique. Mais cette arche m’a fait penser à la tour Eiffel, et j’aimais bien les triangles. Ni une ni deux, j’ai évidé la structure en m’inspirant de la structure triangulaire (pour assurer une bonne résistance) de la tour Eiffel. Et je préfère nettement ce design !

En réglant un peu mieux l’imprimante, j’ai réussi à descendre à 15h d’impression (et ça me revient à N grammes de plastique soit environ 3,3 euros… Sachant qu’il me faudra deux pièces comme celle-là).

J’ai gardé le système autobloquant mais j’ai ajouté des trous pour venir visser la planche sur la structure en plastique. Et y’a plus qu’à imprimer ! Mais avant ça…

On fait les magasins

Trouver une planche

Avant d’imprimer, j’ai préféré aller trouver une planche (afin d’ajuster le design de la pièce si besoin). Dans mon idée, je suis parti sur une planche de 18 mm d’épaisseur (assez épaisse pour être rigide, et cette épaisseur est standard dans les magasins de bricolage). Je voulais au départ m’acheter une planche de mélaminé ou de pin… Et finalement au magasin de bricolage, dans le bac à chutes, j’ai trouvé une planche en MDF de 18 mm d’épaisseur. Pour 2,9 euros seulement ! Elle était un tout petit peu plus petite en longueur (58 cm au lieu des 60 cm que j’avais imaginés… Mais ça fera le taf ! Et à ce prix-là, c’est donné !) On demande une petite découpe au gentil monsieur, et on repart du magasin (sans oublier d’acheter les vis !)

Préparer la planche

Le MDF est un matériau poreux et assez poussiéreux. On a beau le brosser ou l’aspirer, il y a toujours une sensation de poussière quand on passe la main dessus. Dans l’idéal, il faudrait le vernir en deux passes minimum. Or, je n’ai pas de vernis, le vernis a un prix, et je vais devoir acheter un pot de X litres pour n’utiliser que 2 % du pot… On va utiliser une ruse d’ours blanc pour contourner le problème : appliquer une couche de colle à bois. Simplement, on dilue de la colle à bois dans de l’eau pour avoir quelque chose d’assez liquide mais pas trop (oui, c’est une explication très précise) et on vient en appliquer partout avec un pinceau (premier prix acheté lui aussi au magasin de bricolage). On attend que ça sèche, on passe un papier de verre grossier, on peut adoucir les angles avec le papier de verre si jamais ils sont trop bruts, et on repasse un peu de mélange colle à bois + eau une deuxième fois. Une fois sec, on peut passer la main, ça devrait être assez lisse, ne pas vous écorcher la main, et plus du tout être poussiéreux.

Faire un test

Maintenant que j’ai ma planche, on contrôle les dimensions par rapport à mon modèle 3D, et j’ai imprimé un petit bloc pour faire un test sur les jeux de construction prévus dans l’encoche qui recevra la planche. Cinq heures d’impression plus tard, on teste l’ajustement.

Imprimons !

J’imprime sur mon Ender 3 V2 Neo avec du PLA PolyTerra gris clair

Assemblons !

Alors voilà, une fois que ça sort de la machine, on ébarbe un peu les petits bouts de plastique de la jupe…

Et on remarque qu’au niveau des trous, le plastique était en surplomb et ça n’a pas super bien imprimé. Ce n’est pas méchant vu qu’on va venir percer dedans, ça rajoutera un peu de grip à l’ensemble. Suffit de forcer un peu avec la vis pour passer à travers les quelques fils de plastique.

Pour faire vraiment propre, on ajoute des rondelles :

Et voilà le résultat !

Conclusion

Alors, ça m’a coûté combien cette histoire ?

• Impression 3D en PLA : 3,4 € * 2 = 6,8 €
• Plaque en MDF 18 mm d’épaisseur x 160 mm de largeur x 580 mm de long : 2,9 € dans le bac à chutes chez Casto
• J’ai acheté une boîte de 100 mais ramené à l’unité ça fait 0,1 € la vis… On en a mis 4 : 0,4 €
• Colle à bois : j’en avais déjà et je n’en ai vraiment pas utilisé beaucoup vu la quantité qu’il y a dans un pot
• Rondelle : récup

Bref, pour ~10 euros, j’ai réussi à faire un truc vraiment costaud (oui, je n’avais pas envie de recommencer trois fois donc j’ai préféré surdimensionner mais au moins ça ne tombera pas). Si vous voulez le refaire, voici le fichier sur Thingiverse.